Publié le 19/06/2018 par Maxime Koebele
Dans son éditorial du lundi 11 juin 2018, le journal Le Monde rappelle que „la seule solution pour l’UE, dans un environnement mondial de plus en plus agité, est de se renforcer“. Cette nécessité dépasse largement le cadre des relations internationales et peut s’appliquer à de nombreux domaines (immigration, politique agricole,…), où l’Europe échoue à cause de ses divisions à mener des politiques efficaces.
Cependant il ne suffit pas de vouloir renforcer l’Europe, encore faut-il savoir comment. Pour beaucoup de pro-Européen, il s’agit avant tout d’effecteur un pas supplémentaire vers le fédéralisme. Cela peut passer par l’établissement d’un budget commun, d’une Europe de la défense, par le renforcement de la méthode communautaire au détriment de la méthode intergouvernementale, par le renforcement des pouvoirs législatifs du parlement Européen et par une indépendance accrue de la commission vis-à-vis des États membres.
Une telle voie consisterait à renforcer l’Union européenne par le haut en la dotant d’un État fédéral constituant une nouvelle puissance continentale au même titre que les États-Unis d’Amérique ou que la Russie. L’Europe pourrait dès lors peser dans les relations internationales et tenter d’imposer ses vues par le jeu de l’équilibre des puissances.
Mais ce renforcement par le haut entraînerait un affaiblissement par le bas en éloignant encore plus les 500 millions d’habitants du pouvoir politique. Cet affaiblissement risquerait de lui être fatal, compte tenu de la menace populiste qui pèse actuellement sur l’Europe.
Une autre solution consisterait alors à renforcer l’Europe par le bas. Il s’agirait ici de répartir au maximum les responsabilités politiques et d’équilibrer cette répartition par l’application rigoureuse du principe de subsidiarité et de séparation des pouvoirs. Cette solution impliquerait dès lors le renforcement de l’échelon local et un encadrement plus restrictif et plus spécifique des compétences des échelons supérieurs.
Concrètement, une telle solution privilégierait d’abord la réforme des États avant celle des institutions européennes. Elle donnerait plus d’importance aux acteurs locaux et par leur intermédiaire à la société civile. Elle lutterait contre la concentration du pouvoir au sein des État-Nations et renforcerait l’Europe en s’attaquant à la vrai source de ses blocages : le nationalisme et les égoïsmes nationaux.
Enfin cette solution ne trahirait pas la promesse à laquelle est associée l’UE depuis sa fondation : la possibilité de régler les problèmes et les conflits par le biais d’institutions internationales. La transformation de l’UE en simple État fédéral la renforcerait certes, mais elle marquerait aussi l’échec du multilatéralisme et l’impossibilité pour les états de régler leurs problèmes entre eux.